Cet article est extrait de Hakai Magazine, une publication en ligne sur la science et la société dans les écosystèmes côtiers. Lisez d'autres histoires comme celle-ci sur hakaimagazine.com.
L’expérience sur plusieurs heures de l’observation des baleines peut généralement se résumer en quelques images clés: une explosion d’action sur le cadran de la mer; l'arc lent et élégant de l'animal; et le Y de la queue, glissant sous la surface. À ce stade, la plupart des observateurs de baleines sont distraits et se tournent vers leurs caméras pour vérifier s’ils ont appuyé sur le bouton au bon moment.
Il y a en fait plus à voir. Tout comme les cinéphiles patients sont traités pour «créditer les cookies» à la fin d'un film, ceux qui continuent à regarder l'eau sont récompensés. Regardez où se trouvait la baleine et vous verrez à sa place, pendant une courte période, une couronne d'eau parfaitement lisse et non perturbée.
J'ai trouvé une mention du phénomène dans un seul paragraphe du très populaire livre de fiction The Whale, publié en 2008 par Philip Hoare. Il fait référence à la «nappe d'eau plate» avec un terme Iñupiaq - qala, traduit par «le chemin de l'invisible baleine».
Une mère et son petit laissent une empreinte de griffe à la surface. (Velvetfish / iStock) Comme c'est évocateur! J'ai commencé à regarder dans le mot. Google renvoie un seul résultat pertinent: les notes sources dans le livre de Hoare. Il semble qu'il l'ait entendu d'un professeur de biologie du Massachusetts. J'ai appris que le professeur de biologie, tout en lui parlant au téléphone, avait entendu le message d'un expert en démêlage des baleines. L'expert en démêlage des baleines m'a dit par courrier électronique qu'il l'avait appris d'un chasseur de baleines Iñupiaq de Barrow, en Alaska.
La recherche m'a finalement conduit à un autre membre compétent de l'Iñupiat: Qaiyaan Harcharek, coordonnateur de la recherche sur les moyens de subsistance au département de gestion de la faune sauvage de North Slope à Barrow. Il explique que le qala (prononcé de la même façon que «Carla») est " presque une forme de communication" entre baleine et homme. Il est encore plus instructif pour un chasseur Iñupiaq qu’une empreinte de patte sur le sol. Le qala est plus immédiat; il révèle l'emplacement précis du dernier mouvement de surface d'une baleine. Et il reste visible plus longtemps que les éclaboussures éphémères d'une soufflerie, fournissant un indicateur sur un paysage marin par ailleurs homogène. C'est "notre façon de pouvoir suivre la baleine", explique Harcharek. Chasser une baleine, c'est chasser le qala. À partir de la qala, un chasseur peut également déduire la taille de la baleine; plus la baleine est grande et plus la plongée est profonde, plus l'impression de surface est grande.
Qala dérive du verbe qalat - «ébullition ou bouillonnement de l'eau» - et peut également être utilisé pour désigner le sillage derrière une rame ou une hélice. Mais dans le contexte d'une chasse, qala est «un mot vraiment spécial», dit Harcharek. Les chasseurs de baleines n'entreront pas volontairement dans le qala avec leurs bateaux. Le qala est le domaine confirmé et respecté de la baleine.
Hoare a romancé les empreintes du qala comme «des miroirs dans l'âme de la baleine; et des miroirs dans la nôtre ». Moins d’un miroir, les empreintes de griffes sont plutôt une signature à l’encre qui disparaît: la contribution de la baleine au canon de la plus ancienne écriture connue sur Terre.
