Alep, la ville syrienne assiégée, a fait l'actualité apparemment constamment. La ville est non seulement un champ de bataille crucial dans la guerre civile en Syrie, mais c'est l'épicentre d'une crise humanitaire en cours. Mais malgré la confusion quant à la valeur stratégique de la ville (qu’il s’agisse de la ville ou de ses principaux acteurs), Alep n’est pas étrangère à la scène internationale; en effet, il existe depuis des siècles. Voici cinq moments clés qui ont attiré l'attention du monde entier:
Constructeur d'empire séduisant
Alep existe depuis au moins 5000 ans. Son emplacement stratégique entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie a longtemps exposé la ville à des prises de contrôle et à des incursions. Au cours de ses premières années, la ville changea de mains entre Babyloniens, Hittites, Assyriens, Arabes, Macédoniens, Byzantins, Romains, Mamelouks, Mongols et toutes sortes d'autres royaumes et empires.
Parce qu'il occupait le centre de tant de routes commerciales, tout le monde voulait participer à l'action. En conséquence, la ville a pris une saveur unique et internationale, caractérisée par son imposante citadelle et son souk épique.
Opulence Ottomane
En 1516, l'avant-poste de la Route de la soie est devenu une partie de l'Empire ottoman, attirant ainsi l'attention du monde à mesure qu'il gagnait en puissance. Les Ottomans ont investi dans leur nouveau joyau et la ville est devenue un centre commercial encore plus important pour les caravanes de l'Est et de l'Ouest. La population de la ville a augmenté et Alep est finalement devenue la deuxième ville derrière Constantinople en termes de richesse, de taille et de stature.
Ce n’est pas que le temps d’Alep sous la domination ottomane (et le changement de pouvoir entre pouvoirs) ait été placide. Les invasions, les soulèvements populaires et les troubles économiques ont fini par secouer la ville. Au 17ème siècle, le déclin de l'industrie de la soie menaçait la splendeur d'Alep.
Prise de contrôle et bouleversement
Au moment où la Première Guerre mondiale a éclaté, Alep était en déclin économique depuis des années. (Merci, Canal de Suez.) Mais l'importance stratégique de la ville a retrouvé sa tête une fois de plus lorsque le monde a été plongé dans la guerre. En 1918, Alep fut le théâtre d'une bataille entre Ottomans et Alliés. La fin de la guerre n’a pas été synonyme de paix pour Alep: c’est plutôt devenu une pièce convoitée dans un jeu d’échecs international.
En 1920, il a été déclaré français. Dans le but de rendre la Syrie moins puissante, la France a décidé de séparer Alep de Damas et d'autres villes syriennes. Ensuite, la France a changé de cap et a fusionné Alep et Damas dans un État syrien unifié contrôlé par les Français. Les Syriens se sont révoltés et ont déclaré leur propre État indépendant, mais le soulèvement a échoué. La Syrie a continué à se battre pour l'indépendance de ses seigneurs coloniaux, mais il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que la France quitte la Syrie. Alep reste tout de même un site important pour la région.
Capitale de la culture
Malgré les drames qui se sont produits à Alep et en Syrie depuis lors - coups d'État, coalitions et instabilité politique - Alep a tenu bon. Damas est finalement devenue la ville la plus influente de la Syrie, mais Alep a néanmoins grandi pour atteindre une population de 2, 3 millions d’habitants en 2005 et devenir un centre industriel.
En 2006, l'Unesco a reconnu sa stature unique lorsque l'Unesco l'a déclarée «capitale de la culture islamique» pour ses monuments, son héritage culturel et son intérêt historique exceptionnel. Les célébrations comprenaient des festivals et une sensibilisation accrue à la ville en déclin, la plaçant brièvement sous les projecteurs de la scène internationale.
Réfugiés et Ruines
Bien sûr, ce projecteur a de nouveau brillé sur Alep lorsque la guerre civile syrienne a commencé en 2011. La ville est devenue un centre de manifestation antigouvernementale et, en 2012, une zone de combat où des rebelles armés et des forces gouvernementales ont commencé à s'affronter dans la ville. La guerre en Syrie a été un désastre pour Alep, dévastant son souk emblématique, détruisant les quartiers résidentiels et endommageant des dizaines de sites culturels.
Mais ce sont les citoyens d'Alep qui ont le plus souffert, allant des bombes à fragmentation aux attaques au chlore. Plus d'un Syrien sur dix est mort dans la guerre civile qui a blessé au moins 11% de la population. De ce fait, Alep est devenue le centre d'une véritable crise de réfugiés, des milliers de personnes fuyant la ville dans l'espoir d'une sécurité absolue. Des photos d'enfants comme Omran Daqneesh, cet enfant de cinq ans dont le visage recouvert de poussière et recouvert de poussière ont suscité la sympathie et le tollé dans le monde entier, ont encore et encore fait l'actualité d'Alep.
L’omniprésence de la ville dans le cycle de l’information n’a toutefois offert que peu d’aide pour mettre fin au conflit en Syrie - ou pour mettre le monde en émoi au moment de réagir face à la crise des réfugiés. En dépit des appels lancés en faveur d'une paix durable en Syrie (et de victoires fugaces comme celle d'aujourd'hui), Alep, une ville millénaire au cœur de tout cela, risque de ne pas survivre à l'heure actuelle.