À l'approche de l'automne, les étudiants de première année entrants pourraient envisager de réchauffer les murs froids de leur dortoir avec une reproduction du tableau I and the Village de Marc Chagall. Pour toute âme solitaire qui a toujours manqué à la maison, cette peinture de 1911 va résonner avec un lyrisme chaleureux.
Chagall a peint cette évocation de soi et de son chez-soi en France, loin de son village d'enfance glacé en Russie, et il a rempli son tableau fracturé de détails d'un autre monde: un homme au visage vert et aux yeux nacrés tenant un bouquet; une créature de mouton sympathique; un violoniste flottant à l'envers.
Pourtant, l'image reste également liée au monde des sens. Les vignettes comprennent un paysan en costume traditionnel qui monte, une faux à la main, et une femme agenouillée pour traire une chèvre. Je peux voir les dômes d'oignon et les humbles demeures du village russe à l'arrière-plan, et j'ai d'abord pensé que Chagall pourrait être l'homme au visage vert, jusqu'à ce que je remarque le collier de croix orné de perles - Chagall était juif.
Alors, où est Chagall dans son autoportrait? Même si le tableau s'intitule Moi et le village, Chagall ne semble pas faire de camée. Dans la tradition des peintres comme Rembrandt, celui aux cheveux laineux en bleu, et Jacopo Pontormo - vu ici avec un sourire nostalgique, se scène de déposition biblique.
Toutes ces images illuminent un monde ne vivant que dans la mémoire et l'émotion. Chagall semble dire qu’au bout de la nuit, nous n’avons que nos souvenirs. Dans le monde d'aujourd'hui, il est courant de partir de chez soi à la recherche de connaissances et d'illumination. Mais, doucement, Chagall nous rappelle que nous sommes bien plus que notre solitude. Nous sommes aussi les endroits que nous appelons chez nous, même s'ils sont loin.