Je voulais depuis longtemps faire partie des "Pionniers et créateurs de tendances: l'art du timbre" au Musée national de la poste à Washington, DC. Bien que les timbres arrivent tous les jours dans la poste, ils sont tout sauf piétons. Malheureusement, l'art et l'intimité de la rédaction de lettres semblent disparaître avec le cachet soigneusement apposé; par exemple, les coeurs de bonbons de 37 cents le jour de la Saint-Valentin ou l’ange kitsch des timbres classiques «Love» de 32 cents.
Certains pourraient imaginer les amateurs de timbres comme des enfants excités et bizarres du collège - les passionnés de gangsters, de noueux, de Donjons & Dragons. Mais les amateurs de timbres portent un nom plutôt élégant pour leur passion tranchante - philatélique - et respectent également toute une société vouée à la philatélie. En fait, les timbres en disent long sur le grand art, même au-delà des murs enveloppants du Musée de la poste.
Ces timbres "Love" de 32 cents, par exemple, portent un ange peint par Raphaël, un chérubin pensif recadré au bas d'une plus grande peinture à l'huile. Dans la peinture originale de Raphaël, le petit ange repose les bras sur le couvercle d'un cercueil et pleure la mort d'un pape, ce qui prouve une fois de plus que, à une époque où l'imagerie est produite en série, l'art peut souvent perdre son sens et son atmosphère d'origine.
Pourtant, certains timbres conservent leur intégrité esthétique et culturelle, comme la série "Quilts from Gee's Bend" de l'année dernière. Ces timbres miniaturisent des courtepointes cousues par un collectif de femmes afro-américaines de la région rurale de Gee's Bend, en Alabama, qui a utilisé des matériaux du quotidien, tels que le jean bleu, pour créer des compositions vibrantes et syncopées. J'ai vu ces édredons au Whitney Museum de New York; chacun pourrait couvrir un lit queen. Et pourtant, ces édredons témoignent du sens du design de leurs fabricants: ils ont toujours fière allure sur un timbre-poste.